Maria Tourina

 "Famille", Maria Tourina

De part son hyperréalisme et l'attention portée aux détails, le style pictural de Maria Tourina s'apparente à un documentalisme visuel. Cependant, son observation quasi médicale relève une réalité augmentée des objets assez paradoxale. Entre ironie et sincérité, elle crée un trouble de la perception qui élève la banalité au rang de symbole. Ses objets inanimés semblent dotés de sentiments, engendrent une dramaturgie et par association d'idées nous font revivre le destin humain.

 


 

"Libellule", Maria TourinaMaria TOURINA est née dans une famille d'artistes. Depuis sa petite enfance, dessiner était pour elle une façon naturelle d'exister. Elle a fait ses études à l'Académie des Beaux Arts de Saint-Pétersbourg. Déjà en 1993, à l'âge de 18 ans ses œuvres présentées aux salons d'Art de Saint-Pétersbourg se distinguaient  par un regard extrêmement attentif et curieux sur la nature. Plus tard, la série « Mes trésors » (miniatures graphiques monochromes sur papier) montre une grande maîtrise des techniques du dessin. C'est à cette époque que Maria a trouvé son propre style très particulier qu'on peut apparenter au «hyperréalisme » ou au « documentalisme ».

L'artiste s'est avérée capable de donner à un simple élément de la vie quotidienne ou de la nature un sens symbolique inattendu. Elle  prend un objet  banal auquel personne ne prêtait attention et le met en valeur, en le présentant avec une telle énergie et maîtrise que l'objet dans les yeux du spectateur acquiert inopinément la valeur d'un symbole. Ce qui est paradoxal, c'est que Maria peint cet objet d'une façon très réaliste, sans le déformer ou le transformer. Cette approche observatrice qui donne vit aux objets examinés a, au fur et à mesure, constitué son style artistique.

Une des premières séries où son style hyperréalisme s'est révélé d'une façon convaincante s'intitule « Le dramatisme végétal ». Elle y présente les transformations que fait subir le temps aux fruits et aux légumes. Ces œuvres sont exécutées en couleur, utilisant la peinture à eau sur tissu et jouant sur les transparences du fond pour construire la composition. Cette série, ainsi que « La vie des arbres » sont autant d'allégories qui renvoient de manière dramatisée au destin humain.

La série « La mémoire des choses » et « Le portrait orthopédique » portent des titres ironiques, mais dans les œuvres on ne ressent pas cet état d'esprit. L'artiste examine les objets avec un sincère intérêt et même de la sympathie, avec l'intention de fournir un témoignage du passé. Elle transmet les factures des matières avec une liberté surprenante : le cuir usé, le caoutchouc brillant, la veloutine... Son attitude chaleureuse envers les choses provoque une sensation aiguë de faiblesse enfantine ou de l'amertume de la solitude de la vieillesse.

D'autres thèmes étudiés par l'artiste montrent la diversité de ses intérêts créatifs et la maturité de son approche personnelle.

Natalia Troubina a participé à plus de 60 expositions en Russie et en Europe.