Criminel, un film à ne pas manquer !

Criminel, beauté et rudesse des paysages et des hommes

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À l'origine, l'histoire de Criminel (Nakhodka, "la trouvaille" en français) est fondée sur le récit d'un écrivain russe Tendriakov, histoire elle-même adaptée d'un fait divers. Ce film narre l'histoire d'un garde-pêche (formidable Alexeï Guskov !) qui applique de manière implacable la loi russe. Sans indulgence, ni compassion il punit quiconque oublie d'y obéir. Il semble sans cesse armé du glaive de la justice et demeure une âme solitaire qui, en perdant foi en l'autre, a aussi un peu perdu de lui-même. La scène d'ouverture du film montre à quel point sa vie aux côtés de son épouse (Nadezhda Markina vue en France dans les films Elena d'Andreï Zviagintsev et Dans la brume de Sergeï Loznitsa) n'est qu'une suite de rituels mécaniques, sans humanité. Une scène qui ressemble trait pour trait aux rapports qu'entretenaient déjà Elena avec son mari Vladimir dans le film éponyme cité plus haut. Ici pas de mondes et de classes sociales opposés, simplement un manque de communication, une sécheresse affective qui a pris place depuis trente ans.

Après avoir dressé un procès-verbal à l'encontre d'un groupe qui s'est permis de pêcher du poisson dans le lac, Trofim est assommé par l'un deux. Il se retrouve alors dans les dédales d'une nature hostile qui va le conduire vers une cabane où il fait une bien étrange découverte : celle d'un bébé laissé-là par sa mère. Faisant fi de la solitude qui sera sa seule compagne et d'une nature silencieuse mais qui pourrait le dévorer, Trofim va malgré lui conduire cette petite fille vers son tombeau. Il n'aura alors de cesse de retrouver la mère de l'enfant afin de la juger comme il se doit. Qui est criminel : cet homme ? Cette mère ? La nature elle-même ? Peut-on retrouver son humanité après avoir soi-même tué au sens propre ou bien de manière symbolique ? Ce sont les interrogations de ce film dont l'issue heureuse peut sembler mal venue mais qui est aussi une formidable leçon d'optimisme.

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Quelques mots sur le distributeur du film en France

Outre le jeu aussi sensible que puissant des acteurs, on ne manque pas d'apprécier le regard porté sur les peuples vivants dans les régions du nord de la Russie et leurs traditions notamment religieuses. La scène de l'enterrement d'une femme selon les rituels des vieux Chrétiens rappelle les images du film Les chevaux de feu (1966) de Sergeï Paradjanov. Les rituels de ces peuples mais aussi leur vie au sein d'une nature prête à leur rappeler qu'elle est toute puissante et qu'elle donne la vie autant qu'elle la prend (revoir à ce propos les images de la mort du père d'Ivan dans ce même film) et que seuls peut-être les animaux peuvent en demeurer les hôtes.

Certaines scènes semblent sorties d'un rêve voire d'un cauchemar dont on s'éveille sans vraiment savoir distinguer le vrai du faux. On pense un peu à ce père dans le film Le retour (A. Zviagintsev, 2003) dont on ne sait pas vraiment si l'odyssée aux côtés de ses enfants est le fruit d'un rêve ou si elle est bien réelle … Notons aussi la présence discrète et apaisante de la musique du film, composée par Panu Aaltio pour la partie instrumentale et la chanteuse russe Taisia Krasnopevtseva, membre du groupe Bio trio dont la voix ne cessera de vous hanter dès les premières notes.

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Sitographie

Site du film : http://www.criminel-lefilm.com et page FB https://www.facebook.com/criminel2016 
Site de la maison d'édition Boréalia : http://borealia-boutique.com et page FB https://www.facebook.com/borealiafilms/?fref=ts
Vidéo Youtube pour découvrir le chant de Taisia Krasnopevtseva : https://www.youtube.com/watch?v=mTAVPxXETJs et sa pagevKontakte http://vk.com/taya_k

À noter :

La nouvelle "La trouvaille" qui a inspiré le film est disponible aux éditions Borealia http://borealia-boutique.com/produit/la-trouvaille-vladimir-tendriakov

Crédits photographiques :  © Borealia